(Source de l'image: Astropolis.fr)
Par Jean Molveau, Rédacteur en chef de Vol à Voile, Rédacteur en chef adjoint d'Aviasport, membre de l'ACEBD
(sources Jean Molveau et aerobuzz)
Le regard pétillant sous son éternel béret, Audouin Dollfus a passé le soir de sa vie à défendre la cause de la valorisation du Hangar Y (le premier hangar à dirigeables de la planète Terre, dans le parc de Châlais-Meudon), appartenant au ministère de la Culture. Avec son Association pour un Centre Européen des Ballons et Dirigeables (ACEBD), il avait entamé un long combat.
Un jour de 1924 (12 novembre 1924), Charles Dollfus déclara la naissance de son fils Audouin à la fois à l’état civil et à l’Aéro-club de France… Lequel vient donc tristement de perdre son plus ancien adhérent… Descendant d’un si brillant paternel, le fils ne pouvait que suivre sa voie. Charles Dollfus en effet, fut pilote de ballon et de dirigeable. Aérostier durant la Grande Guerre, témoin de son temps, il couvrit, par le texte et la photo le développement de l’aérostation – il fit notamment plusieurs grands voyages à bord du célèbre Graf-Zeppelin. Historien, Charles Dollfus fut le premier conservateur du musée de l’Air qui n’était pas encore musée de l’Air et de l’Espace.
Audouin Dollfus à l’intérieur de la nacelle de son ballon stratosphérique (1959)
Cette dimension de l’Espace, c’est son fils Audouin qui l’ajoutera. S’il a effectué son baptême de l’air à 8 ans en « sphérique », un livre, Le ciel, présent dans la bibliothèque familiale a une influence fondamentale sur le cours de son destin, complété par la rencontre, à 17 ans, du plus renommé astronome de son temps, Bernard Lyot. Il en deviendra le collaborateur jusqu’à son décès, en 1952.
Docteur en Mathématiques en 1946, Audouin Dollfus devenu astronome assistant grimpera tous les échelons, jusqu’à celui d’astronome honoraire, au sein de l’Observatoire de Paris. Tout récemment encore, il se rendait quotidiennement à son bureau de l’observatoire de Meudon – sa carrière fut le reflet de sa vocation. Il se spécialise alors dans l’étude du système solaire, mais, alors que les télescopes se perfectionnent, ils sont encore limités par l’influence perturbatrice de l’atmosphère terrestre. Qu’à cela ne tienne, son autre passion, l’aérostation, va l’aider dans l’accomplissement de son œuvre de découverte.
Audouin Dollfus au retour de son vol record à 14.000 m d’altitude (22 avril 1959)
En mai 1954, Dollfus père et fils atteignent 7 000 mètres en ballon à gaz, avec un télescope fixé sur la nacelle. Les résultats sont bons, mais encore insuffisants, aussi, avec l’aide d’Auguste Piccard, Audouin Dollfus étudie-t-il une capsule en aluminium, évidemment surmontée d’un télescope, capable de supporter l’environnement de la stratosphère. Et c’est sous une grappe de 103 ballons en caoutchouc que cet étrange attelage haut de 450 mètres décolle de la base aérienne de Villacoublay, le 22 avril 1959. Il se stabilise vers 14 000 mètres (record du monde) pour scruter Vénus…
Charles et Audouin Dollfus (22 avril 1959)
Par la suite, il réussit une première détermination de la composition du sol martien, détecte la présence d’une atmosphère ténue sur Mercure, découvre une nouvelle lune de Saturne qu’il baptise Janus, et enfin, en 1979, un nouvel anneau autour de cette planète…
Sa vie durant, il fut unanimement reconnu par ses pairs qui lui attribuèrent de nombreuses et valeureuses distinctions. Audouin Dollfus fut réellement un grand scientifique, aussi grand que modeste, aussi sérieux qu’enthousiaste. Un homme rare et magnifique.
Audouin Dollfus nous a quitté le 1er octobre 2010.
Découvrez "L'Exploit inégalé d'Audouin Dollfus", magazine l'Astronomie, avril 2009:
- (1ère partie);
- (2ème partie).
et "Audouin Dollfus, au Panthéon des étoiles" par Jean Molveau, magazine Aviasport, novembre 2010:
- (1ère page);
- (2ème page).
ainsi que "Audouin Dollfus" par Jean-Claude Pecker et Gilles Dawidowicz, revue l'Astronomie, novembre 2010:
et "Audouin" par Vital Ferry et Michel Thouin, revue Aérofrance n°117, 2011:
Autres éléments de biographie: